63 - Les Partisans dans Pirates De Mon Journal

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63 - Les Partisans dans Pirates De Mon Journal

Ma collection de comics V4
Publié par Philou Pak dans Guerre · 9 Avril 2022
 
En juillet 1985, l'éditeur Mon Journal propose dans le numéro 108 de son titre Pirates un récit de guerre original nommé Les Partisans. Contrairement à beaucoup d'autres récits de guerre publiés par Mon Journal (Hurricane Boy, Capitaine Prince, 5 de Commando... dans Atémi ou Charley s'en va en Guerre et Commando Suicide dans Bengali par exemple), l'histoire Les Partisans ne trouve pas son origine dans des revues anglaises.
En 1977, les éditeurs de la revue de bande dessinées néerlandaise Eppo souhaitent intégrer un récit de guerre. Eppo avait remplacé le magazine Pep, qui avait des liens avec les revues françaises Pilote et Tintin, et qui proposait dans ses pages des récits d'Astérix, Michel Vaillant, Clifton, Lucky Luke, Bernard Prince et bien d'autres séries francophones.
C'est d'ailleurs par l'intermédiaire d'André Franquin qu'un certain Julio Radilović, dessinateur connu en France sous le nom Jules Radilovic ou tout simplement Jules, qui commençait à être remarqué grâce à sa parodie de Sherlock Holmes, Herlock Sholmes, est mis en contact avec la revue Eppo. Il leur propose une histoire de guerre de 22 pages sur les forces de résistance yougoslaves en 1942, appelée De Partizanen. Intéressés, les éditeurs préfèrent faire appel à un scénariste pour réécrire l'histoire, et, via l'agent de Radilovic, ils entrent en contact avec Dorde Lebovic (ou Djordje Lebovic), écrivain et scénariste qui était déjà connu en Yougolsavie pour ses contributions au cinéma, à la télévision et à la radio.
Lebovic va réécrire le scénario en déplaçant le récit de 1942 à 1944, tout en gardant le contexte yougoslave. Et ce qui ne faisait que 22 pages deviendra une fresque historique sur un aspect de la guerre peu connu en France, pré-publiée pendant 10 ans à partir de fin 1977 dans l'hebdomadaire néerlandais Eppo avant de sortir en album. Sept albums seront publiés entre 1980 et 1989. Les personnages principaux en sont un major anglais et une partisane yougoslave qui, avec leur unité Commando Y, harcèlent les troupes allemandes et italiennes dans la Yougoslavie occupée.
Fait intéressant (mais c'était courant à cette époque), Radilovic et Lebovic ne se sont jamais rencontrés, leur collaboration sur cette bande-dessinée se faisant par courrier. Ont collaboré aussi au scénario Marcel Čukli et Ervin Rustemagić.
Une intégrale De Partizanen a été éditée en néerlandais en trois tomes de 128 pages (le premier en juin 2015, puis les suites en septembre 2015 et janvier 2016). L'intégrale a été aussi édité en langue croate sous le titre Partizani, en polonais (Partyzanci), et en allemand (Die Partisanen).
En France, l'histoire est proposée dans le petit format Pirates, du numéro 108 au 117, en noir et blanc, alors que les planches originales étaient en couleur.

Découpage original des récits :

1. Het Konvooi (48 pages) revue Eppo, 1977-78 – Album 1, 1981
2. Het Geheime document (24 pages) revue Eppo 1978, Album 2, 1981
3. De Krijgsgevangene (24 pages) revue Eppo 1979, Album 2, 1981
4. Commando-eenheid Y (24 pages) revue Eppo 1979-80, Album 3, 1982
5. De Brug (24 pages) revue Eppo 1980, Album 3, 1982
6. De Zwarte wolven (24 pages) revue Eppo 1981, Album 4, 1982
7. De Dubbelganger (24 pages) revue Eppo 1981 – Scénario de Cukli, Album 4, 1982
8. De Ontvoering (24 pages) revue Eppo 1981, Album 5, 1984
9. Een val voor Majoor Dragon (24 pages) revue Eppo 1982 – Scénario de Rustemagic, Album 5, 1984
10. Het Balkan-front (48 pages) revue Eppo 1983, Album 6 1984
11. Operatie sneeuwvlok (24 pages) revue Eppo-Wordt Vervolgd 1987-88, Album 7, 1989
12. De Scarabee (24 pages) revue Sjors en Sjimmie Stripblad 1988-89, Album 7, 1989

Titres français (Pirates n° 108 à 117 -  Juillet 1985 à Juillet 1986) :

108 : Major "Dragon", 44 planches
109 : Trahisons en chaîne, 48 planches
110 : Combattants de l'ombre 46 planches
111 : Les Portes de fer, 46 planches
112 : Raid impossible, 46 planches
113 : Le Maestro de la dynamite, 46 planches
114 : Mission en Dalmatie, 48 planches
115 : Sans ordre de mission, 40 planches
116 : Mission au coup par coup, 44 planches
117 : Le Jardin du Diable, 40 planches

Un mot sur les auteurs.

 Julio Radilović, alias Jules Radilovic, alias Jules, est né à Mirobor le 25/09/1928 en Yougoslavie (de nos jours en Slovénie). Ses parents s'installent à Zagreb en 1939 et il ne quittera plus cette ville. Il commence à être illustrateur en 1945, fréquente l'école des arts appliqués de la ville à partir de 1948, mais ne terminera pas son cursus, préférant se lancer en free-lance en 1952 avec la publication de sa première bande-dessinée. Il est peu connu en France où il a été peu publié, de manière assez anonyme, par exemple dans les petits formats Janus Stark et Tipi dans lesquels on peut lire quelques histoires de sa parodie Herlock Sholmes (gros succès paru dans plusieurs publications en Europe), dans Pirates pour les débuts de sa saga Les Partisans, ou dans Akim en 1987 pour trois histoires d'Aventures Africaines. Il travaillera pendant 30 ans avec le scénariste Zvonimir Furtinger, avec lequel il créera la plupart de ses séries. Il a illustré aussi beaucoup de couvertures et de publicités. Il prend sa retraite en 1989, et a été président de l'Union des Artistes de la Bande Dessinée Yougoslave et fut le premier président de la Société Croate des Auteurs de Bandes Dessinées. Décoré de l'Ordre de la Danica de la République de Croatie, il reste un auteur de bande-dessinée à découvrir en France. Julio Radilović est décédé le 26/01/2022 à Zagreb à l'âge de 93 ans.
À propos de la bande-dessinée Les Partisans, il a déclaré lors d'une interview à l'occasion du 21ème Festival de BD de Zagreb : " ( … ) j’ai le sentiment que Les Partisans (De Partizanen) est mon chef-d’œuvre. Après ça, je n’ai plus rien fait d’aussi abouti et je voulais arrêter plutôt que de faire des bandes dessinés qui me sembleraient inférieures à cette série. Je ne ressentais plus le besoin de faire des BD, alors j’ai arrêté la production intensive que j’avais dans les années 1980 quand mes séries ont touché à leur fin".
 
Visuels des couvertures hollandaises des BD et des intégrales ici : https://www.bedetheque.com/serie-72656-BD-Partizanen-De.html
                       
        Julio Radilović, alias Jules Radilovic, alias Jules                                    Dorde Lebovic, alias Djordje Lebovic

Dorde Lebovic, alias Djordje Lebovic, alias Đorđe Lebović, est né le 27/06/1928 à Sombor en Yougoslavie (de nos jours en Serbie). De confession juive, il subit l'infamie des camps de concentration dès l'âge de 15 ans et voit sa famille décimée, passant par Auschwitz, Mauthausen et Sachsenhausen. Ce survivant de l'Holocauste restera marqué à jamais, ce qui se ressentira dans ses écrits marqués par la guerre. En 1947, il commence des études à la Faculté technique de Belgrade, d'où en 1948, il est transféré au Département de philosophie de la Faculté de philologie, où il obtient son diplôme en 1951. Dès ses études, il travaille comme journaliste à Radio Belgrade et dans un journal humoristique. En plus du théâtre, de la radio et de la télévision, il a travaillé sur des scénarios pour certains des films les plus célèbres en ex-Yougoslavie comme La Bataille du dernier pont (Most, 1969, film sorti en salles en France le 20/10/1971, et qui servira de base pour un des épisodes de la bande-dessinée Les Partisans), Valter brani Sarajevo (1972) ou Partizanska eskadrila (1979), des films ancrés dans la guerre. En 1978, il écrit le scénario de la bande-dessinée De Partizanen pour un éditeur néerlandais, là encore un récit de guerre ; une collaboration qui durera une dizaine d'années, et il semble que ce soit on unique contribution à la bande-dessinée, qui connaîtra le succès aux Pays-Bas et en Yougoslavie. Il est le fondateur et le premier président de l'Association des Dramaturges de Serbie. Il décède le 22/09/2004 à Belgrade à l'âge de 76 ans.
  

 
Article de Philou Pak (merci pour sa généreuse contribution) il est clair que je suis plus a l'aise de parler de DC Comics
Et rajout de ce gif animé proposé par Philou Pak pour montrer la qualité de ces planches en couleurs et en VO, qui vaudrait le coup d'une intégrale non charcutée  et en couleurs
    

 


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3 critiques
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Damien LEFURT
12 Avr 2022
Bonjour
Très intéressant ce post, figurez vous que j'ai écrit a plusieurs éditeurs pour une publication de cette série de Jules qui est un must c'est vrai que nous Français ne connaissons pas vraiment ce passage de Guerre sur le territoire Yougoslave à l'époque (Croatie, Serbie maintenant) et aucun éditeur ne m'a répondu, donc un scantrad serait la meilleure des choses a faire mais a vu de nez ca fait plus de 300 pages en A4 donc pas un truc qui peut se faire rapidement, ou alors a plusieurs, donc prions pour....
10 Avr 2022
Qu'une série BD, même parue dans une collection PF qui n'avait pas vocation a en faire une série phare, ait été conçue et publiée sur le thème de la résistance d'un pays est quelque chose de remarquable. En comparaison, la résistance de la Yougoslavie a été certainement plus virulente, à l'instar de celle opposée par les partisans russes, que n'importe qu'elle autre résistance occidentale. Et cela s'explique par le fait qu'elle a été une résistance militarisée, tant et plus qu'au final elle alignait plusieurs bataillons. le seul exemple français, à ce titre, à été les FFI du Vercors qui n'ont jamais disposé, au terme, de l'arsenal dont ont fini par disposer les partisans yougoslaves.
A noter que la suite très peu réussie des Canons de Navarrone, se déroule dans cette Yougoslavie en reconquête par les partisans, et que le contexte décrit peut permettre de se faire une idée de la force partisane qu'à été celle de ce Pays. Autant les groupes partisans russes ne se composait guère que d'une centaine ou deux d'hommes, au mieux (le plus souvent ces groupes tenaient plus de quelques dizaines de partisans), autant les partisans yougoslaves étaient des éléments d'armée plus conséquents.
Ce qui n'a pas empêché pour autant des actions d'hommes ou de groupuscules plus isolés.
J'ai toujours pensé qu'on devait peut-être plus à des pays tels que la Yougoslavie, la Russie... au front de l'Est en général, la victoire sur le nazisme, plutôt qu'à l'intervention américaine.
10 Avr 2022
Excellentes précisions, Philou Pack, apportées sur une série méconnue qui aurait peut-être méritée une réédition album. A noter que la Yougoslavie s'est libérée elle-même, sans aide véritable du front occidental ou du front de l'est. On peut ajouter que sa situation, à bien des titres, ressemblait à s'y méprendre à ce qui se déroule de nos jours en Ukraine. Et à noter encore, que comme en Ukraine, elle faisait de surcroît l'objet d'un conflit interne ethnique, notamment ente serbes et croates. Les ferments de la division de la Yougoslavie étaient déjà là, et seul la personnalité d'un Tito a su unifié à l'époque et jusqu'à sa mort, se vaste pays, aux ethnies antagonistes. Longtemps dans le giron du communisme tout en étant indépendant du bloc soviétique de l'après-guerre, la Yougoslavie est longtemps restée un paradoxe sur l'échiquier politique du monde.
Même si ce pays semble avoir été un théâtre de guerre mineur comparé au reste des territoires soviétiques occupés et libérés, il n'en reste pas moins qu'il est un théâtre de guerre qui a consommé son lot de divisions italiennes, roumaines ou allemandes pendant la WWII.
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